Faire face à la vie pendant la Covid-19

Ces jours-ci sont devenus " extra-ordinaires " pour un grand nombre des personnes. Chez-moi l'idée a été de ne pas perdre le temps en ne faisant rien. Finalement, malgré les circonstances adverses, nous réussissons à profiter le temps et fréquenter le Seigneur.

L'ultra-présent Covid-19 a bouleversé notre vie en nous plongeant dans l'incertitude et l'arrêt forcé. Lorsque le virus a fait son apparition dans notre pays, j'étais sur le point de défendre mon mémoire à l'Université de Kinshasa et devenir ingénieur, mais à cause d'abord d'une grève de professeurs et ensuite de la pandémie, tout est resté en suspens.

À Kinshasa, le confinement à la maison n'est obligatoire qu'au centre-ville, mais si on ne peut pas aller à l'université, à l'église, à jouer un match de foot, ou à prendre une bière avec les amis, … où aller ? On reste à la maison à ne rien faire. Et voici le dilemme : ne rien faire ou puiser dans l'imagination pour mettre le temps à profit ?

Deux de mes sœurs et moi, fréquentons les moyens de formation de l'Opus Dei adressés aux universitaires à travers les centres culturels Loango et Tangwa. Une des idées le plus présentes dans ces moyens de formation est : " mettre le temps à profit " ; et une autre : " toutes les occasions sont bonnes pour fréquenter Dieu ". C'est beau de le dire, mais je reconnais que ce n'est pas facile de le mettre en pratique dans les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons.

Francis

Je ne peux pas me plaindre, et je remercie Dieu pour les circonstances dans lesquelles je me trouve : il y a tant de personnes dans ma ville avec de sérieuses difficultés. Mais dans la situation dans laquelle je devrais profiter le temps, ou trouver un moment calme pour prier, arrive que parfois tu te proposes d'étudier l'anglais à l'ordinateur, et il n'y a pas de courant ; où lorsque tu avais prévu de faire ta prière, les courant est revenu et mes petits frères veulent voir la télévision.

Dans ma maison, comme dans le plus grand nombre des maisons à Kinshasa, c'est impossible de s'isoler, il n'existe pas ce qui pourrait s'appeler chambre propre, et la seule possibilité qui reste c'est de sortir à l'extérieur. Cela ne vaut pas dire toujours d'être isolé, parce que là tu peux trouver maman qui en ce moment prépare le fufu pour manger, ou papa qui prend l'air, ou ton frère qui veut jouer au ballon, où les voisins qui passent et saluent... Enfin, la meilleure façon de profiter le temps et de trouver du temps pour fréquenter Dieu a été de le faire en famille.

Nous avons pu nous organiser à notre manière en essayant de respecter un horaire particulier. Nous nous levons tous les jours de bonne heure pour ne pas perdre l'allure habituelle. D'abord nous suivons en direct à travers la télévision, la messe célébrée par le Pape dans la chapelle sainte Marthe

Nous suivons la Messe célébrée par le Pape

Étant donné les difficultés en eau courante, tous les deux jours, nous allons tous ensemble chercher de l'eau pour usage domestique, à quelque 500 mètres de chez nous. Puis la journée se poursuit par quelques travaux de ménage, révisions des cours aussi bien pour les universitaires que pour les écoliers. C'est une bonne occasion pour vivre l'esprit de service en s'aidant les uns aux autres, pour la lecture, les exercices ou apprendre à utiliser l'ordinateur.

Tous ces travaux faits ensemble avec motivation, sacrifice, et de la bonne humeur, ont facilité le rapprochement, la confiance, le besoin de s'occuper de ce que l'autre fait ou pense. Ainsi mes propositions pour mener ensemble un plan de vie assez complet ont été par la suite très bien acceptées.

Une fois notre mère, en revenant du service, nous trouve en train de suivre le commentaire de l'évangile fait par le Pape en direct de la place Saint Pierre, le jour de la bénédiction anticipée Urbi et orbi, elle est restée silencieuse jusqu'à la fin de cette cérémonie et nous a parlé avec admiration de la fidélité du Pape au égard de la Bible.

Notre maman est protestante mais suit une catéchèse en vue de sa conversion. Pendant que les enfants nous nous réunissons pour la messe, la prière du matin, le Regina coeli à midi…, elle-même s'ajoute à nous et veille à ce que nous restions concentrés.

Ma famille

Une fois nous lui avons demandé où avais-t-elle apprit les oraisons de notre église ? Elle nous répondait en disant : " les prières catholiques moi et ma jumelle nous les avons apprises à la paroisse Saint Augustin. Le fait est que pour aller à notre église en venant de chez nous le chemin le plus court était de traverser la paroisse. Alors on s'est proposé ma jumelle et moi d'alterner les dimanches : si nous prions un dimanche dans notre église (communauté presbytérienne), le dimanche prochain nous prierons à la paroisse Saint Augustin. Et c'est comme ça que nous avons appris beaucoup de vos oraisons, le déroulement de la messe, le crédo et tant d'autres bonnes choses. " Notre cadet, un petit âgé de 7 ans très éveillé, après avoir tout entendu, lui a dit : " donc vous priez dans notre église clandestinement ? Donc vous auriez été catholique depuis votre jeune âge avant même que nous soyons tous catholiques ? "

Un jour, Rolly et Djanie, deux de mes sœurs, ont reçu leur recollection par internet, et sont venues me voir pour les aider à télécharger les fichiers. Je me suis rappelé que j'avais aussi, reçu une recollection depuis deux jours, et que je n'arrivais pas à m'organiser pour la faire dans la journée.

Pour ne pas déranger le reste de la famille, nous nous sommes proposés de la faire le lendemain de 4h à 6h, chacun avec son matériel, et puis clôturer la récollection avec la messe que dirait le pape en direct du Vatican à 6h00. Tout s'est passé de merveille, même s'il nous manquait la présence du Seigneur dans l'Eucharistie.

On se rappelle d'une de nos sœurs pendant une messe le dimanche après avoir fait la communion spirituelle au moment de communier, elle dit : "la Covid-19 nous prive du corps du Christ, on ne sait même pas aller à la messe. Ma première confession après cette crise sanitaire sera de confesser pour le fait de ne pas aller aux messes les dimanches." Nous lui avons expliqué que puisqu'il n'y a pas la possibilité matérielle d'y assister, de ne pas se faire de soucis, puisque cela n'est pas volontaire il n'y a pas de faute.

L'heure de l'étude

Malgré l'absence des cours, nous nous efforçons pour ne pas perdre le rythme d'étude, de tirer tant soit peu profit du temps. Après deux semaines de la fermeture d'universités, j'ai proposé à ma sœur Rolly -étudiante en deuxième année graduat en Droit- de commencer à apprendre à saisir des textes dans l'ordinateur. Elle savait déjà mais, l'idée était de l'aider à s'occuper et de renforcer ses compétences, ce qui certainement l'aidera beaucoup pour ses travaux pratiques et le travail de fin d'études.

En parallèle, ma sœur Djanie -étudiante en première année de licence en Économie- et moi, nous sommes proposés d'élaborer une feuille de calcul pour la logistique du magasin de la maison.

Dire que tout se passe en merveille ne serait pas du tout exact : il y a toujours des hauts et des bas. La réalité est que chaque jour est une bataille, parfois on gagne et parfois on perd, mais toujours on avance. Quelques semaines après qu'on a pris l'élan et le rythme de travailler sur nos idées, mes sœurs traversaient un moment bas, au point de me dire : "nous devrions peut-être arrêter, nous finirons tous par mourir du virus dans quelques semaines, ou quelques mois".

J'ai réussi à les remonter en disant : " Virus ou pas, des gens meurent chaque jour, mais maintenant nous étudions, nos parents vont au travail, et la vie suit son cour. La Covid-19 n'arrêtera pas le monde et on finira par s'en sortir, et alors les choses que nous sommes en train d'apprendre maintenant nous serons utiles. Donc, on n'a aucune excuse pour nous arrêter en tuant le temps inutilement ".

Même si au début du confinement je n'étais pas très optimiste, je dois reconnaître que pour l'instant le bilan est très positif pour toute la famille.